Le plaisir est le source même du travail de Lulu Amere, qui nous convie à partager sa jouissance hédoniste liée principalement au corps féminin.
Baignées du soleil de midi, ses petites déesses Chthoniennes au bas ventre bien visible, les cuisses serrées l'une contre, cachent et en même temps révèlent.
Sensible à la grâce d'un port de bras, à la flexion d'un cou, à l'ondulation d'une hanche ou a l'épanouissement d'une chevelure flamboyante, Lulu Amere célèbre le corps et la sensualité de la femme. Peu de drapé pour dissimuler leurs préciosités.
Des jeunes filles, pleine de tendresse subtilement libertine, sur lesquelles Lulu pose un regard intime et complice ; sa retenue étant celle de la Vénus naissante de Botticelli cachant son pubis par la mèche extrême de ses longs cheveux, un simulacre qui occulte pour mieux représenter.
C'est avec un désir non caché que Lulu représente la tendresse de deux femmes enlacées, un geste de la main pudique et évocateur à la fois, un baiser chaste.
Des regards pleins d’interrogations, des bouches pulpeuses, des mains repliées, stylisées, souvent au premier plan, des couleurs vives sur des fonds monochromes... le tout admirablement servi par la spontanéité de l'aquarelle dans laquelle Lulu Amere excelle.
Les sujets sont captés avec rapidité et précision, le pinceau vibre mais ne tremble pas, et seule l'aquarelle – une des techniques picturales les plus difficiles à maîtriser, permet de traduire une telle pureté des nuances et une telle luminosité.
Ses thèmes mêlent innocence et érotisme au travers de figures féminines au regard séduisant et mélancolique.
Troublées d'une sensualité langoureuse, ces jeunes filles mystérieuses, insaisissables et fuyantes captivent, sans jamais entrer dans la vulgarité.
Chacune de ses peintures est un exemple de finesse et de suggestion. Cette esthétique évanescente inspirée des années 70, commune à celle de David Hamilton ou de Klimt. Plein d'érudition et d'érotisme, son style élégant, subtil et savoureux privilégie l'humour, la légèreté, voire le farfelu...
Ses dessins ne sont ni des études ni des croquis, un trait de plus serait un trait de trop. Pas d'angles droits non plus ni d’arêtes, les nus de Lulu Amere sont fait uniquement de courbes, renforçant le caractère érotique de l'instant. Ses femmes, pures et dociles, souriantes, aux regards de sculptures classiques et aux gestes réservés, stimulent, excitent, intéressent...
Leurs cheveux sont des broderies et des dentelles tissées de fils d'or, clin d’œil évident à la peinture sécessionniste.
Le contour isole les personnages, pas ou peu d'indications spatiales, les corps et les gestes formant leur propre espace, soulignent la sensation érotique et sexuelle.
Lulu aime les femmes tantôt férocement voluptueuses, tantôt joyeusement sensuelles et les peint en leur donnant un grand charme mystérieux.
Titres évocateurs et adéquation indiscutable entre le sujet et la technique font de Lulu Amere une artiste accomplie.
Piotr Wojcik |